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Miss Alfie, croqueuse de livres... & Compagnie !
1 novembre 2013

Gains - Richard Powers

gains1830. La famille Clare crée une fabrique de savon à Boston. Années après années, l'entreprise se développe, évolue, modernise sa structure, augmente ses bénéfices. 1998. Dans une ville américaine abritant l'une des succursales de Clare, Laure, divorcée, élève ses deux enfants. Hospitalisée pour un kyste aux ovaires, on lui découvre un cancer.

Lors du dernier Masse critique de Babelio, les titres me faisant envie étaient nombreux. Parmi eux, Gains dont je ne savais pas grand chose mais dont j'avais vu passer beaucoup d'avis concernant la sortie en poche chez 10/18.

Gains est un pavé qu'il convient d'éviter de lire si vous êtes un peu déprimé et si notre société actuelle a tendance à vous dépiter. Si si, je vous promets. Je m'explique. D'un côté, on va suivre le développement depuis sa création jusqu'au début des années 2000 de ce qu'il convient d'appeler aujourd'hui une multinationale. D'une toute petite usine créée avec la connaissance d'un pauvre Irlandais immigré fabriquant des chandelles dans la cour de son immeuble, Clare devient peu à peu, profitant des nouvelles technologies et de l'intelligence économique de ses dirigeants, une société aux ramifications multiples, incontournable dans la vie des Américains.

En parallèle, on fait la connaisance de Laura, Ellen et Tim. Laura, divorcée, agent immobilier, doit se faire enlever un kyste aux ovaires. Opération bénine jusqu'au moment où le médecin lui annonce que le kyste s'avère une tumeure cancéreuse. Si Laura va tout d'abord chercher à se battre, suivre toutes les recommandations des médecins, ses proches expriment un fort besoin de compréhension : pourquoi elle, d'où cela peut-il venir alors qu'il n'y en a pas dans sa famille, et y aurait-il un lien avec l'environnement ?

A partir du moment où commencent à se poser ces questions, l'histoire bascule, et l'intérêt du lecteur également. Si dans la première moitié, j'ai eu du mal à accrocher à l'histoire de Laura, ne saisissant pas où nous allions, la partie consacrée à Clare m'est apparue de plus en plus technique et déshumanisée, créant un fossé avec les émotions contenues dans l'autre partie du roman. Clare ne semble tourner qu'autour des chiffres, des bénéfices, des dividendes, de l'optimisation et de la réduction des coûts de production tandis qu'une femme se débat face à un mal invisible qui la ronge et dont l'origine ne semble pas si simple qu'on peut le croire...

"Autant qu'elle puisse en juger, aucune produit n'est vraiment sûr finalement. Nous sommes assaillis de toutes parts. Les concombres, les courges et les pommes de terre en papillotes. Le poisson, ce grand aliment naturel dont elle bourre les enfants depuis des années. Les bombes insecticides pour le jardin. Les huiles de cuisine. Les litières pour chat. Les shampooings antipelliculaires. Les gouaches. Les vernis. Les déodorants. Les crèmes hydratants. Les perfecteurs de teint. L'eau. L'air. La planète toute entière est atteinte. Le seul fait de vivre, c'est s'exposer au cancer." (p. 494)

Si besoin est, cette citation vous confirmera que Gains n'est pas un roman dévoilant la face la plus belle ni la plus optimiste de l'humanité. Le style de Richard Powers, entre précision et cynisme apporte à l'ensemble une touche d'humour ironique qui réhausse l'ensemble, même si, pour tout vous dire, les 619 pages de ce roman m'ont paru par moment bien longues... Dommage, car le sujet de fond est loin d'être inintéressant et nous amène à une réflexion sur notre société... Sans pour autant y apporter réponses ou solutions... Tiens, pour l'anecdote, s'il n'est sorti en France qu'en 2012, Gains a été écrit en 1998... Le prochain qui me dit que tout ça est une nouveauté ferait bien de s'interroger sur sa notion de nouveauté...

Mes remerciements à Babelio et 10/18 pour cette découverte.

Ce qu'on en dit ailleurs :

  • Les lectures de Fransoaz : "L'érudition de l'auteur force le respect; Richard Powers est un maître dans les domaines de la chimie et de l'économie."
  • En lisant en voyageant : "Un bon cru Powers. Sérieux, documenté. Pas de pathos ni d'attaques à visage découvert, mais liberté pour le lecteur de réfléchir et tirer ses conclusions. Ce monde là est le nôtre."
  • Les livres de George : "Tous ces éléments font de ce roman, une œuvre complexe, dense, maîtrisée de main de maître."

Texte © Miss Alfie 2013.
Édition présentée : Gains, Richard Powers, traduit de l'anglais (américain) par Claude et Jean Demanuelli, Éditions 10/18, 2013, 618 pages.

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Commentaires
A
Un auteur avec lequel j'ai du mal.
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M
Moi, il me tente beaucoup et ce que tu en dis me semble refléter assez fidèlement notre monde en fait.
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G
Pas un roman très facile je trouve mais qui témoigne d'un auteur assez génial !
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L
déjà que je peine à lire en ce moment, je ne vais pas m'ajouter ce pavé ennuyeux...Merci !
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I
Ah Powers n'est décidément pas un auteur facile d'accès. Le plus aisé étant pour moi, à ce jour "Le temps où nous chantions qui est un véritable chef-d’œuvre", sans exagération. Et bien évidemment, je ne peux que te le recommander chaudement, ne serait-ce que pour que tu ne restes pas sur cette lecture mi-figue, mi -raisin.
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