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Miss Alfie, croqueuse de livres... & Compagnie !
13 septembre 2013

Partages - Gwenaëlle Aubry

partages Sarah et Leïla ont 17 ans. La première vient d'arriver en Israël avec sa mère au lendemain du 11 septembre. La seconde vit avec sa famille dans un camp de réfugiés en Cisjordanie. Deux destins au coeur d'un conflit qui n'est pas le leur... Et pourtant...

Si j'avais écrit cet article au début de ma lecture, je pense qu'il aurait été bien plus négatif que la critique que vous allez lire. Attention, je ne dis pas que je vais encenser ce livre, mais dites vous que j'aurai pu être bien plus méchante. Néanmoins, une nuit de sommeil et un peu de réflexion ont mis en évidence quelques éléments à ne pas négliger.

On connaît tous plus ou moins le conflit israélo-palestien. Pour faire court et très très simple, après la seconde guerre mondiale, l'indépendance de l'Etat d'Israël, précédemment sous protectorat britannique, est déclarée. S'ensuit un conflit avec le peuple Palestinien, les deux populations se déclarant chacune légitime sur cette terre mais n'arrivant pas à vivre en paix. Partages nous embarque aux côtés de deux jeunes filles qui vont se retrouver à épouser les convictions politiques de leurs peuples, jusqu'à l'extrême.

Gwanaëlle Aubry réussit du mieux possible à exprimer les sentiments de chacune de ces jeunes filles, héritières d'une histoire qu'elles maîtrisent peu mais qu'elles vont faire leur. Du côté de Leila, c'est le vol d'une Terre, une spoliation, qu'elle tente de compenser comme elle peut.

"Nous avons inventé l'algèbre et l'astronomie, découvert le poids du soleil et le secret des étoiles, enfant quand on me disait ça je ne comprenais pas pourquoi, alors, la misère et les camps, mais ici je m'en souvient, je le sais jusqu'au sang. Les prisonniers, ce sont les autres, en bas, qui face à leur mur pleurent la perte et la destruction, enfermés dans le temps, dans un passé perdu et une attente infinie, mais nous, nous avons l'espace, sept ciels et des lointains, les nombres qui ordonnent les sphères et dressent entre nos mosquées des vides parfaits, les coups d'aile et de pied qui sont de grands élans, Dieu a établi pour nous la terre comme un tapis afin que nous suivions des voies sans limites." (p. 24)

Quant à Sarah, après le 11 septembre, elle suit sa mère qui ne rêve que d'une chose : retrouver ses racines, celles d'un peuple décimé pendant la guerre.

"Notre histoire est faite de cela, de cycles successifs d'expulsions et d'exterminations, de cercles concentriques de haines, toujours plus larges et plus impeccablement clos. Et voilà que ces cercles, nous les avions brisés, qu'avec notre terre nous avions retrouvé un temps qui n'était plus celui du recommencement, de l'éternel retour de la peur et de la persécution." (p. 118)

Difficile, impossible même, de prendre partie pour l'une ou l'autre de ces jeunes filles. J'avoue même n'avoir guère ressenti d'empathie pour elles, car elles sont à peine trop extrémistes à mon goût, moi qui reste sur mon nuage plein de Bisounours et qui aimerait tant que les hommes et les femmes puissent vivre en paix partout dans le monde, moi qui ne comprend pas pourquoi des êtres humains s'entretuent pour des lieux dits saints. Rares sont d'ailleurs les instants où un peu de tempérance intervient dans le texte, soit par le biais de la mère de Lily, une amie de Sarah, soit dans la bouche de Salma, l'amie de Leila...

"Nous leur avons pris leurs villages et leurs terres, nous ne pouvons pas leur en vouloir de nous haïr. Nous avons substitué notre mémoire à la leur. Cette terre où nous vivons, et que nous voulons croire immémoriale, est comme une couche d'argile, meuble et fragile, où se mêlent les vestiges de deux catastrophes : la nôtre est innommable, mais est-ce une raison pour nomme la leur du nom de notre victoire ?" (p. 74)
"Vois, il y a une chose que cet enfer m'a enseignée : le plus difficile, ce n'est pas de résister à l'ennemi, c'est de ne pas céder à la haine que l'on a de lui." (p. 152)

Ces deux personnages sont des poches d'espoir qui rappellent que quelques personnes croient encore à la guerre dans une contrée où les enfants jouent à la guerre, jouent aux kamikazes, jusqu'au jour où on ne joue plus, où les soldats sont là dans le camp, où les terroristes sont là au milieu d'une place à se faire sauter.

Ce bouquin est fort, on ne peut le nier. La narration en parallèle très intéressante, notamment la dernière partie qui offre une forme très originale d'un vrai discours parallèle. Néanmoins, parmi les quelques reproches que j'adresse à ce roman, il y a le style de Gwenaëlle Aubry, déroutant à première vue... Ses phrases sont longues, très longues. Les virgules sont multiples, au point que je me suis demandée si elle n'avait pas une prime au nombre de virgules par pages. J'ai également regretté à plusieurs reprises qu'elle n'ait pas cadencé différemment son texte, en utilisant des point-virgules ou des points, pour offrir un autre rythme au texte...

Dans tous les cas, si Partages n'apporte aucune nouveauté et aucun éclairage innovant sur ce conflit, l'histoire que Gwenaëlle Aubry ne peut nous laisser insensible, dans un sens ou dans un autre.

Un grand merci aux éditions Livre de Poche pour cette lecture qui m'aura tout à la fois agacée et conquise !

Ce qu'on en dit ailleurs :

  • Mot à mots : "Je ne partage aucune de leurs vues, mais je les ai comprise, le temps de ma lecture."
  • Littér'auteurs : "Moi, qui ne suis pas critique littéraire, je ne peux parler que de l'émotion, du trouble que j'ai ressenti en lisant ce texte, écrit d'une seule respiration, en phrases très longues, mais pourtant ponctuées."
  • Moi, Clara et les mots : "Un livre bouleversant sur ce qui unit, partage, rassemble ou  divise que  j’ai hérissé de marque-pages."

Texte © Miss Alfie 2013.
Édition présentée : Partages, Gwenaëlle Aubry, Éditions Livre de Poche, 2013, 184 pages.

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Commentaires
A
Ah bon, nous ne sommes pas au pays des Bisounours ? Ah ben flûte, alors....
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L
Je vais passer. J'ai trop lu de textes sur ce sujet.
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E
Je partage ton point de vue au sujet de la narration qui m'a plus d'une fois perdue. Un roman qui m'a tout de même bouleversée par son sujet.
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