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Miss Alfie, croqueuse de livres... & Compagnie !
16 août 2013

L'amant de Patagonie - Isabelle Autissier

amant patagonie1880. Alors qu'un pasteur installé en Patagonie recherche une jeune britannique apte à s'occuper de ses cinq enfants pour soulager son épouse, Emily s'embarque pour le nouveau continent. Orpheline, une nouvelle vie s'offre à elle au milieu des Indiens.

Ce n'est pas une nouveauté, j'aime les bouquins qui m'embarquent pour un tour du monde, qui élargissent ma culture, qui me poussent à rechercher des informations et faire des découvertes sur des peuples, des civilisations, des événements qui me sont méconnus. C'est donc avec un réel plaisir que je me suis plongée dans L'amant de Patagonie d'Isabelle Autissier. Je savais que la navigatrice s'était prêtée au rôle d'écrivain, l'homme ayant dans ses étagères depuis longtemps Salut au grand sud écrit avec Erik Orsenna et relatant ses aventures maritimes, mais je ne l'imaginais pas romancière. Et il faut reconnaître qu'elle n'est pas mauvaise en la matière...

L'amant de Patagonie est l'histoire d'une jeune anglaise désoeuvrée, orpheline recueillie par un membre éloigné de sa famille, pasteur qui n'hésite pas à faire d'elle la petite main de la maison et assez content de pouvoir l'envoyer en terres australes lorsque l'occasion se présente. Elle sera confrontée à d'importantes différences de culture, dans un contexte de colonisation par les Européens et d'extension de l'Argentine, tout nouveau pays. Elle y rencontrera l'amour et la déception, devra jongler entre ces cultures qui se frottent et se heurtent...

A la suite d'Emiliy, on découvre des britanniques, des français, colonisateurs, persuadés de la supériorité de leurs pratiques et de leur culture, considérant les autochtones comme des sauvages attardés qu'il faut civiliser, le tout quelques années après la parution de la théorie de l'évolution de Darwin.

"Les progrès sont spectaculaires et m'amènent à réviser mon jugement sur ce peuple. En s'adressant aux jeunes, qui ne sont pas encore figés dans les comportements du passé, avec beaucoup de patience, il sera possible de faire entrer la civilisation chez ces êtres de nature." (p.45)
"Mon idée est de faire une grande campagne d’anthropométrie. Je souhaiterais une fois pour toutes établir la place de ces races dans l'échelle du genre humain. Votre concitoyen le grand Darwin, qui est venu ici sur le Beagle, les a décrits comme des êtres répugnants, proches de la bête, et pense donc qu'il s'agir du terme de passage entre le singe et l'homme." (p. 69)

Peu à peu, la jeune femme va se détacher de ces considérations, comprendre la langue et les coutumes ancestrales de ces peuples aux pratiques si éloignées, qui les font passer pour des primitifs. Et avec, rencontrer l'amour en la personne d'Aneki. Elle se heurtera évidemment aux conventions, à la bienséance, au refus du pasteur qui l'emploie de bénir cette union et fuira avec Aneki.

"Dépouillée de tout sur cette plage perdue, je suis au stade ultime du détachement de ce qui a fait ma vie d'avant. Ce n'est pas ce que j'avais prévu. J'avais imaginé un mélange qui n'aurait retenu que le meilleur de chaque mode de vie : une solide maison, l'élevage et la culture, la religion, mais aussi la connaissance de la nature, les pratiques ancestrales, la communauté possible entre des peuples. La fuite ne m'a pas donné d'autres choix que cette nudité de l'âme et du corps." (p. 126-127)

Au contact des Indiens, Emily comprend le mal que peut faire la colonisation. Avec Joachim, l'un des fils du pasteur, elle voit des traditions, des cultures, tout un pan de la société s'effondrer...

"Je devrais m'en réjouis, les voyant sortir de l'âge des primitifs. Mais je vois aussi moins de fêtes, moins de chasses collectives, de plus en plus de dissensions pour une possession matérielle, moins de partage et d'hospitalité. J'avais rêvé d'une société mélangée, mais je m'aperçois que c’est impossible. Une culture remplace l'autre, lentement, inexorablement." (p. 184)

Fresque historique, anthropologique, romantique, sociale, L'amant de Patagonie est une belle histoire qui se lit bien, somme toute bien écrite, sans lourdeurs rédhibitoires. On peut lui reprocher un goût de trop peu et peut-être un manque d'informations concernant la vie des Indiens, leurs coutumes de l'époque, notamment les rites d'initiation... Isabelle Autissier évoque certaines pratiques, mais quitte à nous entraîner si loin, j'aurais aimé en savoir plus sur les Yamamans, les Onas ou les Alakalufs, tant de noms aux consonances magiques aujourd'hui oubliés...

Malgré ces tous petits bémols, je ne peux que vous conseiller cette lecture, pour les paysages qu'Isabelle Autissier nous suggère, pour cette découverte historique et culturelle... Au point que je vais peut-être aller récupérer Salut au Grand Sud parce que je prends un peu goût au large...

Un grand merci aux éditions Livre de Poche pour ce voyage à l'autre bout du monde depuis mon canapé !

Ce qu'on en dit ailleurs :

  • Audouchoc : "À découvrir malgré le titre harlequinesque. Une auteure en pleine inspiration."
  • Baz'art : "D'ailleurs, les parties les plus réussies sont les parties documentaires, qui nous apprennent  énormément sur cette région du monde que je connais si mal, certaines des coutumes décrites dans le livre apparaissant pour le moins étonnantes."

Texte © Miss Alfie 2013.
Édition présentée : L'amant de Patagonie, Isabelle Autissier, Éditions Livre de Poche, 2013, 240 pages.

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Commentaires
E
Un roman que j'ai beaucoup apprécié!
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A
Ne pars pas trop loin tout de même.
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C
Ton billet donne vraiment envie. Je note ce titre:
Répondre
L
Ah, tu me fais envie ! Je note ce titre !
Répondre
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