Ouessantines - Weber et Nicoby
Soizic est une Bretonne du continent. Déterminée, elle s'est mise en tête d'ouvrir une maison d'hôtes à Ouessant. Elle découvre un état d'esprit et tente de briser la glace. Lorsque Marie, la seule à lui avoir adressé la parole, se suicide et couche Soizic dans son testament, les amies de la défunte la regardent d'un bien mauvais oeil...
Les Ouessantines, c'est ainsi que l'on nomme les habitantes de l'île d'Ouessant, petit bout de terre de 15 km² à la pointe du Finistère... Sur Ouessant, comme à Sein ou à Groix, les femmes ont un rôle très important. Ce sont elles qui faisaient vivre les bourgs lorsque les hommes partaient en mer, et que beaucoup ne revenaient pas. Ce sont elles qui tenaient les ménages et fleurissaient les tombes, même lorsqu'il n'y avait pas de corps à enterrer...
Ouessantines nous entraîne à la découverte de ces femmes à travers l'histoire de Soizic et celle de Marie. Soizic, la jeune, venue du continent, que tout le monde regarde un peu de travers, doit faire sa place parmi les îliens, déjouer la méfiance des locaux, et ce par tous les moyens, y compris en allant à l'Eglise s'il le faut ! Et Marie, l'îlienne, la Ouessantine, qui décide trop rapidement de mettre fin à ses jours, laissant à Soizic le soin de lever le voile sur l'un des secrets que l'île garde jalousement... D'un récit de vie, d'une chronique sociale, on glisse assez rapidement vers une enquête policière, Soizic découvrant peu à peu qu'il n'y a pas que son origine qui attise la réticence des commères du village...
Côté dessin, j'avoue que le trait de Nicoby n'est pas mon favori, notamment pour les personnages : je trouve leurs visages assez grossiers. En revanche, j'ai trouvé son style très adapté pour les paysages de l'île dont il rend très bien l'atmosphère confinée et en même temps ouverte à l'Océan.
Entre la BD classique et le roman graphique, Ouessantines recrée une atmosphère et raconte en filigrane la vie d'une île, avec ses disparitions, avec ses solitudes et ses solidarités. Une très belle découverte dont on ressortirait presque avec le goût des embruns sur les lèvres.
Ce qu'on en dit ailleurs :
- Val aime les livres : "Le charme de cette BD réside dans le lieu qu'elle décrit."
Texte © Miss Alfie 2013.
Édition présentée : Ouessantines, Patrick Weber et Nicoby, Éditions Vent d'Ouest, 2013, 128 pages.