Photographe, Rob Claassens trouve la mort lors d'une prise d'otage dans un lycée. Dom, le patron d'un bar à bière, refuge pour âmes égarées, et son amie Judith rachètent la maison. Il vont y découvrir des traces de vie : Claassens aurait-il eu une fille ? Accompagné de Laura, étrange et mystérieuse âme en peine, le duo va remonter le temps, et se plonger dans les vissicitudes de l'Histoire...
Il m'aura fallu deux tentatives de lecture pour venir à bout de ce roman de Michel Quint. Autant vous dire, et vous l'aurez, que j'ai eu du mal sur ce roman abandonné pendant l'hiver, alors que mon temps de lecture se réduisait comme Peau de chagrin. Or, pour réussir à entrer dans ce roman à en saisir tout l'ampleur, il faut du temps. Il faut se plonger dans les phrases parfois longues, stylisées mais surtout extrêmement travaillées de Michel Quint, apprivoiser cette langue maîtrisée chirurgicalement. Il faut faire le lien entre tous ces personnages dont il nous abreuve, contemporains ou fantasmés. Il faut se ménager du temps pour enchaîner les pages et les sections qui le composent, au risque d'être rapidement égaré dans les méandres et la noirceur de ces personnages qui vont se dévoiler au fil du temps...
Michel Quint lève le voile sur les noirceur de l'âme humaine, sur les compromissions dont tout être est capable, sur les mensonges qui entourent des vies, des familles, des origines. A partir d'un simple fait, une tuerie dans un lycée, il remonte le fil de l'Histoire depuis la bande à Bonnot au début du siècle jusqu'à la chute du mur de Berlin, déroule la pelote sombre de vies bouleversées par un simple geste, par une simple balle, par une simple décision. L'ensemble donne un roman dans lequel les notes d'espoir apparaissent comme autant de bulles d'air pour reprendre sa respiration, dans lequel l'amour et l'amitié apaisent les douleurs et offrent l'espace pour que la parole se libère.
Difficile de vous donner un avis tranché. Ce livre chamboule, mais sa prose peut parfois rebuter, alors que Michel Quint, avant toute chose, manie la langue française avec habileté et poésie... A croire que trop souvent, les auteurs recherchent la facilité des mots qui s'enchainent sans réfléchir, et nous avec...
"Tout, pour moi, dans cette longue tragédie, procède, en aval ou en amont du temps, du noeud de ces morts violentes dans un lycée, en plein jour, peu avant les épreuves du baccalauréat et les vacances, et des riens anciens qui, décuplés, se multipliant en ondes concentriques depuis le fond des mémoires ont rendu cette horreur inévitable. En soi, l'évènement ne représentait qu'un fait divers, douloureux, certes symptomatique d'une dérive sanglante de nos sociétés mais rien qui ne permette de le situer dans l'Histoire. Au cours des mois qui ont suivi, sont venus s'y agréger d'autres faits nouveaux, remontés aussi du siècle écoulé, anodins ou notés dans les annales historiques mais à l'importance toujours mal appréciée." (p. 38)
Ce qu'on en dit ailleurs :
- Le blog de Véronique D : "Tout est trop confus, trop mêlé à mon goût… même si j’aime bien l’écriture de l’auteur, je n’ai pas adhéré cette fois à cette imbrication qui vire à la confusion."
- Liratouva2 : "Ce roman n’est qu’un long crescendo vers un épisode final des plus surprenants."
Texte sauf citation © Miss Alfie 2013.
Édition présentée : Avec des mains cruelles, Michel Quint, Éditions Folio, 2012, 318 pages.