l'envol des angesHarry Bosch s'inquiète : son épouse, Eléanor n'est pas rentrée. Pourtant, ce n'est pas elle qui l'appelle mais son chef : non, il n'est pas de garde, mais c'est lui et son équipe qu'on veut sur place. Un homme a été retrouvé mort dans le funiculaire de Los Angeles et l'affaire promet d'être houleuse : la victime est le plus célèbre avocat des droits civiques et un gros procès médiatique contre le LAPD devait commencer le surlendemain... Bosch va devoir naviguer entre ses convictions et la diplomatie politique nécessaire pour éviter que la ville ne s'embrase...

Avant toute chose et pour bien comprendre le contexte de ce roman, je vous invite à faire un tour sur la page Wikipedia consacrée à Rodney King. Ce jeune noir américain fut arrêté en 1991 et tabassé par les forces de police de Los Angeles. L'acquittement des policiers lors du procès en 1992 provoqua de grave émeutes dans la cité des Anges. Michael Connelly fait directement référence à cet évènement dans L'envol des Anges, puisque ses enquêteurs devront tenter de démasquer le meurtrier du plus célèbre opposant au LAPD sans que la ville ne s'embrase...

Car l'autre phénomène sous-jacent dans cette intrigue est la ségrégation et la racisme permanent entre blancs et noirs... Si les États-Unis sont réputés pour être le pays du melting-pot, où les nationalités se mélangent pour ne former plus qu'un peuple totalement métissé, la ségrégation et l'Histoire ont laissé de nombreuses traces... Les flics également peinent à trouver une légitimité après plusieurs scandales judiciaires...

Au milieu de tout cela, notre Harry Bosch fait figure d'électron libre. Agissant parfois à la limite de la légalité, il croit encore dans la bonne foi et le pouvoir de la justice. Son intégrité et son désir absolu de vérité l'amènent à tenir tête à sa hiérarchie, à oser avancer des complots scandaleux, et il n'hésite pas à aller jusqu'au bout pour faire émerger la justice et la vérité... Peut-être histoire d'oublier que sa vie personnelle part en eau de boudin...

Encore une fois, Connelly maîtrise les codes du polar et réussit à insérer une bonne dose de réalisme social qui offre au lecteur un moment à la fois distrayant et fort instructif sur l'Amérique d'aujourd'hui...

Texte © Miss Alfie 2013.
Édition présentée : L'envol des anges, Michael Connely, traduit de l'anglais (américain) par Jean Esch, Éditions Points, Collection Policiers, thrillers & romans noirs, 2002, 466 pages.