A la frontière du Mexique et de la Californie, du côté de Tijuana, nombreux sont les latinos qui tentent de poursuivre leur rêve américain. Lorsqu'il tombe sur Magdalena un matin sur la plage, Sam Fahey pense qu'elle est de ceux-là. Or, la jeune femme n'a fait qu'échapper à des poursuivants qui auraient bien aimé lui faire la peau...
La sortie en édition de poche de Tijuana Straits m'a finalement convaincue de tenter le coup et de le lire. J'avais à plusieurs reprises entendu parlé de ce titre publié l'an dernier chez Sonatine sans avoir franchi le cap. J'hésitais, ne sachant pas trop à quoi m'attendre. Et ce avec raison. Car Tijuana Straits n'est pas un véritable thriller, ni un roman classique. C'est avant tout un roman noir, très noir, qui nous entraîne dans le quotidien des habitants de la vallée de l'embouchure de la Tijuana River.
L'intérêt principal de ce bouquin réside plus dans la description qu'il nous fait de cette région, du contexte de vie de ses habitants et des énormes problèmes écologiques auxquels la région doit faire face suite à l'installation massive d'industries étrangères fort polluantes que dans la traque dont Magdalena va être victime. Cette traque semble être un simple prétexte pour évoquer la pollution de la mer à l'embouchure de la Tijuana River, une pollution qui fait de ce site anciennement réputé pour le surf un lieu laissé à l'abandon, pour évoquer les ruses et astuces des passeurs de mexicains clandestins, pour évoquer les trafics en tout genre de part et d'autre de la frontière...
Sur internet, j'ai pu lire que Kem Nunn était un auteur très connu dans le milieu du surf pour avoir écrit une trilogie sur le sujet. En effet, le surf tient là aussi une place importante, Sam Fahey étant un ancien surfeur, l'un des seul à avoir réussi à affronter le Mystic Peak, une vague mythique qui déferla bien des années plus tôt sur Tijuana Straits. Même si je n'ai jamais fait de surf, mes origines bretonnes ne pouvaient que vibrer à l'évocation de ces vagues géantes et mythiques, du flux et du reflux de l'écume sur le sable, et pleurer en lisant les lignes dénonçant la pollution sauvage de la région.
Si vous recherchez un thriller haletant, une intrigue surprenante ou des serial killers désaxés, passez votre chemin. Si, en revanche, vous acceptez le principe d'une intrigue "prétexte" et d'un roman qui vous fera découvrir une partie du monde sans doute mal connue en faisant vibrer votre fibre écolo, plongez vous dans Tijuana Straits, ça pourrait bien vous plaire !
Texte © Miss Alfie 2013.
Édition présentée : Tijuana Straits, Kem Nunn, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Nathalie Zimmermann, Éditions 10/18, 2012, 381 pages.
Meilleurs voeux pour cette nouvelle année.