Il faut qu'il parte - Sébastien Lapaque
En 2007, Nicolas Sarkozy prend place dans le fauteuil de Président de la République. Un an plus tard, Sébastien Lapaque publie un essai pamphlétique au titre évocateur. A la veille de l'échéance du mois de mai, son livre est réédité en poche augmenté d'une préface.
Je peux difficilement vous faire une autre présentation que celle-là, sinon je rentre dans le vif du sujet et vous explique le pourquoi du comment développé dans le bouquin... Or, si je le fais au-dessus, il ne me reste plus grand chose à vous dire après dans ma chronique !
Donc, vous l'aurez noté, une fois n'est pas coutume, c'est d'un livre à connotation politique que je vais vous parler, un livre que j'ai pris mon temps pour lire car il m'a demandé une attention autre que celle demandée par mes habituels romans. Pour autant, sachez que mon petit esprit parfois long à la compréhension de choses un peu intellectuelles a relativement facilement abordé ce court bouquin. Ne soyez donc pas effrayé par cet aspect, il ne le mérite pas !
Lorsque j'ai demandé à l'homme s'il voudrait le lire, il m'a regardé avec une moue et m'a fait : "C'est de l'anti-sarkozisme primaire ?" Là, j'ai pu lui répondre : "Non, du tout." Même si je suis sûre que vous adoreriez connaître le contenu de nos échanges pendant qu'il débouche une bouteille et que je coupe des légumes, je conserverai notre intimité mais cette question est aussi la première que je me suis posée à cette lecture. Et non, ce roman n'est pas un pamphlet anti-sarkoziste, il est bien plus que ça.
Jamais, au cours des 160 pages de cette deuxième édition avec préface, le nom de notre Chef de l'Etat n'est d'ailleurs prononcé, pas plus que celui de ses prédécesseurs. Sébastien Lapaque ne l'écrit noir sur blanc qu'à la page 116, mais dès le départ on s'en rend compte : "En commençant ce livre, je m'étais juré d'être intransigeant sur les principes et indulgent avec les personnes. Les charges ad hominem ont ceci de déplaisant qu'elles empêchent de voir la perversité d'un système." Car bien plus qu'un homme, c'est tout un système, tout un univers politique qu'il questionne et critique.
En s'interrogeant sur l'évolution de notre société depuis le début des années 1980, Sébastien Lapaque, pas franchement étiqueté "journaliste de gauche", démontre comment la politique menée actuellement, basée sur le libéralisme économique, réfractaire à l'immigration et stigmatisant les religions répond aux valeurs d'une société d'avant, d'une société dans laquelle la "valeur travail" avait peut-être encore un sens, d'une société soit-disant laïque mais dans laquelle seules les fêtes religieuses catholiques bénéficient d'un jour férié...
Bien plus qu'un pamphlet, Il faut qu'il parte interroge sur la classe politique et dirigeante actuelle, sur son rapport à la réalité des Français, sur les valeurs de notre société et sur sa réalité. Plus qu'Il faut qu'il parte, c'est presque Il faut qu'elle change qu'aurait du s'appeler ce livre... Oui, il faut sans doute que notre classe politique change et accepte de voir que la société dans laquelle elle évolue n'est pas uniquement mue par le profit financier et que les valeurs éthiques, la culture et le partage doivent être protégés pour maintenir une nation libre.
Texte © Miss Alfie 2012.
Édition présentée : Il faut qu'il parte, Sébastien Lapaque, Éditions Actes Sud, Collection Babel, 2012, 160 pages.