Quelques années après leurs aventures normandes, les choses ont changé pour la famille Manzonni-Blake-Wayne depuis Malavita. Plusieurs années se sont écoulées, Belle a grandi et s'est installée sur Paris pour ses études, Warren s'est exilé dans le Vercors, Maggie passe ses semaines à Paris à s'occuper de la petite boutique de restauration rapide qu'elle a créé et redescend le week-end dans la Drôme rejoindre Fred qui tente d'écrire des romans policiers en s'inspirant de son passé mafieux sous le regard permanent du FBI. Les choses ont changé... Vraiment ?!
Lorsque j'ai lu Malavita l'été dernier, entre Londres et Liverpool, quelques semaines après avoir vu Le Parrain de Coppola, je n'avais pu m'empêcher à la lecture de ce roman truculent de Tonino Benacquista de revoir le grand Marlon Brando et de prêter ses traits à Gianni Manzonni, le traître exilé en France et tentant par tous les moyens d'échapper à la vigilance de ses cerbères du FBI. Ayant apprécié grandement ce moment passé auprès d'une famille qui se voudrait comme les autres mais imprégnée malgré elle (...ou pas...) de son histoire mafieuse, j'avais forcément envie de prolonger la rencontre par la suite, sortie en 2008, Malavita encore.
Si la lecture du premier n'est pas indispensable à la compréhension du second, puisque Tonino Benacquista n'hésite pas à reprendre certains faits et à rappeler au lecteur pourquoi et comment Gianni Manzonni s'est retrouvé planqué dans un village drômois, cela permet malgré tout d'offrir plus de consistance aux différents personnages. On se rend compte de l'évolution de Warren, qui semble avoir pris ses distances avec l'héritage paternel, on découvre une Maggie indépendante et investie dans ses projets, beaucoup moins femme au foyer que dans Malavita. Et on voit d'un autre oeil également les relations que la famille peut avoir avec les agents du FBI, qu'il s'agisse des petites mains chargées de leur sécurité au quotidien, ou du grand Tom Quint, le chef d'orchestre de cette protection, à la fois meilleur ennemi de Fred et meilleur allié de la famille...
Si certains membres de la famille ont évolué depuis Malavita, on ne peut pas dire que Fred change fondamentalement... Derrière ses airs d'écrivain, il reste avant tout un mafieux qui n'hésite pas à réutiliser les bonnes vieilles méthodes quand les circonstances l'exigent. Et une fois encore, le lecteur ne se retrouve pas à devoir juger cet homme, bien au contraire, puisque j'en suis même venue à me dire "Mais bordel, Fred, qu'est-ce que t'attend pour aller lui régler son compte, à celui-là ?!". Bref, on rentre dans la logique de la Cosa Nostra, parce que ces personnages sont quand même sacrément attachants ! Ceci dit, au fil des pages et des chapitres, à mesure qu'il découvre la solitude et (oui oui !) la lecture, on voit se créer un autre personnage, un être plus réfléchi, qui s'interroge sur son avenir et se rend compte qu'il n'a peut-être aucun talent réel, qui découvre ce que veut dire "être écrivain" et toutes les interrogations qui peuvent aller avec.
Cette deuxième histoire mettant en scène la famille Manzonni n'a rien d'exceptionnelle, ce n'est pas le récit du siècle avec l'intrigue incroyablement surprenante, mais c'est un roman qui fait sourire, écrit avec style et humour, avec juste ce qu'il faut de violence pour avoir l'impression que l'on se retrouve dans un remake du Parrain, sans pour autant que l'on se retrouve dans un roman noir complet... Un mélange savoureux qui démontre le talent d'écrivain de Tonino Benacquista !
A lire aussi :
Keisha a passé un bon moment : "Une bonne lecture distrayante sans prise de tête: que ça fait du bien de temps en temps!!!"
Quant à George, elle ne s'attendait visiblement pas à ça : "Un auteur donc qui m’a saisie au vol, un peu par surprise."
En revanche, Amanda Meyre aurait sans doute préféré s'arrêter au premier épisode : "On les aime toujours autant, les membres de cette famille, comme on aime toujours autant les agents du FBI qui les accompagnent, mais on a l’impression d’observer des petits retraités et leurs mésaventures qui sont bien trop gentillettes pour qu’on ait envie d’en lire un troisième volet, si troisième volet il y a."
Texte © Miss Alfie 2011.
Edition lue : Malavita encore, Tonino Benacquista, éditions Gallimard, collection Folio, 2009, 388 pages.