Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Miss Alfie, croqueuse de livres... & Compagnie !
9 août 2010

La mauvaise rencontre - Philippe Grimbert

la_mauvaise_rencontreLoup et Mando sont deux petits parisiens des années 50 ou 60. Un après-midi, ils se rencontrent au parc... De ce jour là, nait une amitié aux conséquences extrêmes...

Il me semble bien difficile de relater ce roman sans trop en dire... Il me semble aussi bien difficile de vous en parler alors que j'ai terminé ce troisème roman de Philippe Grimbert sorti en 2009 depuis 3 jours déjà...

Essayons cependant. La mauvaise rencontre nous plonge dans l'amitié quasiment fusionnelle de deux gamins parisiens qui vont grandir en miroir. Comme dans toute histoire d'amitié, on y trouve des moments forts de partage, et des moments qui, petit à petit, abiment la toile de l'amitié, et l'amènent à se rompre là où elle aura le plus souffert. Comme dans beaucoup d'amitié, on y trouve deux caractères complémentaires, Loup, qui semble fragile et parfois faible, et son double, Mando, puissant et déterminé.

Puis, petit à petit, à mesure que l'on s'enfonce dans le livre et que les deux garçons grandissent, une certain morbidité s'installe, doublé d'un certain malaise. Grimbert nous parle beaucoup de la mort, de la vie après la mort, de l'au-delà... Et parallèlement, on ouvre peu à peu les yeux sur Mando, qui apparait de plus en plus dans une amitié exclusive tandis que Loup, même s'il apprécie les moments partagés avec Mando, ne s'épanouit pas uniquement à travers eux... Or, pour Mando, tout ce que Loup ne fait pas avec lui n'est pas digne d'intérêt... Rien que ça, ça peut inquiéter...

Au final, La mauvaise rencontre est une histoire d'amitié, de culpabilité et de folie... Ou comment des événements "banaux" peuvent faire basculer de l'autre côté du miroir, et comment celui qui reste de ce côté ci peut poursuivre son chemin...

Je ne peut pas dire encore si j'ai aimé ou non La mauvaise rencontre. Il me semble que c'est plus un livre qui interpelle ou qui laisse indifférent qu'un livre qu'on aime ou pas. Pour ma part, il m'a interpellé... En tout cas, sur certains points, il a fait écho avec Un secret, le deuxième roman que Philippe Grimbert a publié, notamment du fait de la note psychanalytique assez forte dont les bouquins de ce psy de formation sont imprégnés...

Une petite immersion au milieu des pages ?

"La boite de métal que tu tenais de si près quand je suis venu m'asseoir à côté de toi, sans doute a-t-elle contenu des granulés ou une préparation à bouillie avant de servir de moule à pâtés de sable. Nos regards se sont croisés et tu me l'as tendu. Je ne l'ai pas oubliée, c'est peut-être même le premier objet dont je me souvienne, ce cadeau que tu m'as fait. Si l'on me demande quel est mon premier souvenir, le plus ancien, je réponds que c'est cette boîte de métal, je dois avoir trois ans, quatre tout au plus. Image restée intacte comme une de ces photos en noir et blanc, aux bords crénelés, rangées dans un carton à chaussures." (p.12)

"Obstinément, Mando restera fidèle à sa ligne, tentant de maintenir le mythe de l'âme sœur avec un aveuglement qui me serrera le cœur lorsque j'aurai enfin accès à ses cahiers. Pas une ombre n'y plane, tout au moins jusqu'à l'épisode de notre rupture, avec sa phrase sèche comme un constat de décès." (p.82)

"Une heure plus tard, Mando sonnait à ma porte, seul cette fois. Il m'expliqua qu'il avait envoyé balader la belle après qu'elle lui avait avoué que l'horaire de son train était un prétexte pour se retrouver seule avec lui. A cette occasion encore la force de l'amitié de Mando m'avait effrayé." (p.107)

"L'habit de l'ami idéal avait fini par me géner aux entournures. Moi, le seul pour Nine, pour Gaby, moi qui avait bataillé à ma façon pour conserver cette place dans leur coeur, voilà qu'il m'était devenu insupportable d'être le seul pour Mando." (p.121)

A lire aussi :
Déception pour Stéphie : "Ce sera un roman vite oublié alors que je pense qu'il y avait matière à faire avec cette histoire d'amitié plus que malsaine." ;
Pour Lancellau, c'est aussi "une histoire sur la présence et l'absence de l'autre, sur la fidélité dans les relations" ;
Quant à Ma, elle n'oublie pas de souligner que "Philippe Grimbert sait manier les mots et dire dans un langage net et précis les dérives que peuvent prendre les sentiments quand l'esprit a ses propres fêlures."

Texte © Miss Alfie 2010 sauf citations.
Édition lue : La mauvaise rencontre, Philippe Grimbert, Éditions Grasset & Fasquelle, 2009, 213 pages.

Publicité
Publicité
Commentaires
M
@ Noukette : Pareil pour moi... Mais il est quelque peu déstabilisant je trouve !
Répondre
N
J'ai moi aussi lu et chroniqué ce livre il y a peu... J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteur, l'histoire d'amitié fusionnelle..., et comme toi, à la fin du livre, je ne savais quoi en penser ! Finalement, avec le peu de recul que j'ai, je pense que ça restera tout de même un bon souvenir !
Répondre
M
@Cynthia : Des deux, c'est effectivement par "Un secret" qu'il vaut mieux encore commencer, celui là me semble beaucoup plus psychanalytique...<br /> <br /> @ Aelys : Attention, ça ne parle pas que de l'amitié... L'amitié me semble plus un prétexte pour évoquer la folie et la culpabilité...<br /> <br /> @ Stéphie : Donc ton avis était juste !!!<br /> <br /> @ Zorane : Il a attendu près d'un an chez moi avant que je ne l'ouvre... Laisse faire le temps !
Répondre
Z
Je viens de commencer Un secret mais celui-là ne me tente pas vraiment
Répondre
S
Et j'en ai vraiment tout oublié, c'est fou ;-)
Répondre
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité