Perte et fracas - Jonathan Tropper
Douglas Parker a vingt-neuf ans, est veuf, écrit des chroniques dans un journal et habite une petite ville résidentielle et un peu bourgeoise. Douglas a perdu sa femme, Hailey, dans un accident d'avion il y a un an, et depuis, il passe ses journées à s'enfiler des verres de whisky quand il ne balance pas des canettes sur les lapins qui squattent son jardin et qu'il ne récupère pas le fils de feu son épouse qui fuit la maison de son père. Il déprime, jusqu'au jour où sa soeur jumelle, Claire, arrive et prend les choses en main. Des voisines prêtes à lui sauter dessus à sa mère shootée aux Vilules, Doug n'a plus qu'à se remettre en selle et reprendre sa vie en main. Pour le meilleur et pour le pire.
Perte et fracas est le premier roman de Jonathan Tropper que je lis. J'en avais lu des critiques très positives, contrairement à Tout peut arriver. Et je comprends ces critiques !!! Jonathan Tropper m'a accompagné dans le train en ce dimanche parisien, et ce fut un plaisir de le voir détourner la tristesse du deuil et réussir à faire de ce roman une histoire fort agréable dont on ressort heureux et plein d'espoir.
Et pourtant, ce n'est pas gagné quand on s'attaque à une histoire de deuil, de tristesse, de colère. On s'attaque à des émotions ambivalentes. Et d'ailleurs, le personnage de Doug les incarne complètement : comment refaire sa vie, comment sortir à nouveau avec des femmes quand on est veuf ? Comment les gens vont réagir ? Pourquoi tout le monde fait preuve d'une compassion qui énerve plus qu'elle ne réconforte ? Toutes ces questions, Jonathan Tropper les aborde de manière subtile et drôle en même temps. On sent Doug évoluer, changer, accepter la main tendue, avoir envie de s'en sortir et puis avoir envie de dire stop aux bonnes intentions.
De même qu'il parle très bien du deuil et du long processus qui doit s'enclencher pour que les souvenirs ne soient plus douloureux, Jonathan Tropper situe son histoire au sein d'une famille recomposée, introduisant la question du beau-père qui n'a aucun droit légal sur un adolescent qui ne demande qu'une chose : avoir des repères en la personne de Doug. Ajouter à cela une famille plutôt aisée, en plein préparatifs d'un mariage, et je vous garantie que les étincelles jailliront à n'en plus finir, toujours pour notre plaisir. Car finalement, Jonathan Tropper réussit le meilleur : nous faire rire de choses tragiques sans jamais être déplacé.
En revanche, un petit conseil aux phobiques de l'avion : éviter ce roman ! Oui, ben vous en trouverez un autre où la femme mourra d'une longue et tragique maladie après une lente et douloureuse agonie, et non dans un crash d'avion. Tiens, une pointe d'originalité supplémentaire qui n'a pas été pour me déplaire d'ailleurs... Et oui, pas besoin d'être malade pour mourir...
Pour conclure, je qualifiera Perte et fracas comme étant un roman ancré dans la société actuelle avec ses problématiques mais traitant d'un sujet antédiluvien mais jamais éculé : les relations entre les hommes et les femmes.
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Texte © Miss Alfie 2009.
Image Perte et fracas, Jonathan Tropper, Éditions 10/18 (2009).