bm1A ma droite, Francis Blake, M.I.5. A ma gauche, Philip Mortimer, éminent scientifique. Avec tout ça, le colonel Olrik, le méchant récurrent. Voilà, vous avez les personnages essentiels des aventures initiées par Edagr P. Jacobs et poursuivies par des auteurs et dessinateurs attachées à la série. Car Blake et Mortimer est, à la différence de Tintin, une série qui se poursuit après la disparition de son auteur.

Mais qui est Edgar P. Jacobs ? Comme son nom de l'indique pas, le monsieur est belge, né au début du siècle et décédé en 1987. Dans les années 40, il rencontre Hergé, le papa de Tintin et Milou. Ils collaboreront sur la refonte de certains albums de Tintin et il empruntera la technique de la ligne claire pour ses héros. Il faut noter que, avant Blake et Mortimer, Edgar P. Jacobs a sorti Le rayon Û, album initiatique, reprenant la même structure de héros. Il est d'ailleurs noté numéro 0 dans la série. Quant aux dessinateurs suivants, Ted Benoit et André Juillard, ils se sont attachés à reprendre le même dessin, pour ne pas casser les codes de la série.

Côté scénarios, on retrouve plusieurs thématiques : espionnage, science, ésotérisme voire science-fiction. L'action se déroule grosso modo dans les années 50 (excepté Les 3 formules du Professeur Sato, plus tardif). Trois personnages principaux, donc. Blake, le gentil, militaire, intelligent, un as dans l'infiltration. Mortimer, l'autre gentil, scientifique inventeur. Deux anglais avec les codes qui s'imposent. Deux gentlemen, donc, qui ne renient pas leur cherry et leur pipe au salon. Olrik, enfin, le méchant, jamais mort malgré les nombreuses péripéties. Une vraie tête de méchant et un rôle régulier de mercenaire assignées aux causes les plus infâmes. La présentation peu paraître caricaturale mais il est très difficile de faire évoluer ce triptyque dans des univers toujours différents, de la 3è Guerre Mondiale aux origines de la Terre, en passant par l'Egypte antique, Paris ou l'URSS période âge d'or soviétique. A noter que les histoires sont très narratives (beaucoup d'indications dans les cases) et très dialoguées (des phylactères parfois trèèès remplis).

bm2J'avoue avoir une préférence pour les albums plus axés sur l'espionnage et le policier en général. Si la trilogie originelle de Jacobs du Secret de l'Espadon reste un indispensable à lire, je ne renie pas l'Affaire Francis Blake de Ted Benoit et Jean Van Hamme ou la Machination Voronov de Yves Sente et André Juillard (que j'ai en première édition dédicacée, si c'est pas la classe, ça...). Quant à la Marque jaune, elle apparaît, à juste titre, comme un sommet de l'oeuvre de Jacobs.

Grands classiques de la bande dessinée, les aventures Blake et Mortimer vont donc au-delà de la banalité. Je sous-entends par là que le large tirage dont bénéficie cette série n'est pas antinomique de la qualité. Les différents auteurs s'attachent à garder l'esprit d'Edgar P. Jacobs, en introduisant ponctuellement, comme le faisait le maître, des messages, peut-être banals ou évidents sur le monde et sur l'homme. Si l'on excepte l'Etrange rendez-vous, vraiment très moyen, tous les albums se révèlent passionnants, intrigants, rythmés et diablement bien scénarisés.

A la fin de l'année 2009 devrait paraître le 19è tome, la Malédiction des Trente Deniers scénarisé par Jean Van Hamme et dessiné par René Sterne et Chantal de Spiegeleer. L'histoire est prévue en deux tomes, le second tome étant normalement dessiné par Aubin Frechon. Ces albums se révélant être un peu une Arlésienne, j'attends de voir ce que ça va donner. Comme dirait Francis Blake, wait and see...

Texte © Guigzz 2009