Je vais bien, ne t'en fais pas - Olivier Adam
Claire a la vingtaine. Elle habite Paris, travaille comme caissière à Shopi, rend de temps en temps visite à ses parents en banlieue, couche avec des garçons par-ci par-là, entretient des relations de façade avec ses collègues, et, surtout, attend Loïc. Loïc, son frère, disparu alors qu'elle avait vingt ans et qu'elle venait d'avoir son bac, pendant l'été. Loïc qui, à ses dix-huit ans, a finalement mis en pratique ce qu'il disait depuis longtemps. Loïc, qui de temps en temps, lui envoie une carte d'un endroit de France, pour lui dire qu'il va bien. Loïc, qu'elle décide d'aller retrouver à Portbail, là où il a posté la dernière carte postale.
Je vais bien, ne t'en fais pas est un roman sur la séparation, sur la disparition de l'autre, sur l'absence, sur le deuil. Le style est bref, concis. Les phrases sont courtes, très descriptives, comme si une caméra filmait les geste les plus simples des personnages, comme s'asseoir à une table de café, tourner les pages d'un album photo, scanner des articles dans un supermarché. Et tous ces gestes anodins semblent renforcer le manque, le vide, l'absence, veulent combler la perte d'un frère. Les chapitres sont courts, comme les phrases, donnant à l'ensemble un rythme un peu coupé, en dents de scie, comme l'humeur, le moral de Claire qui oscille entre espoir et désespoir.
Olivier Adam a écrit un autre roman sur le thème de la séparation, A l'ouest, et son roman Je vais bien, ne t'en fais pas, a été adapté au cinéma par Philippe Lioret en 2006 avec Mélanie Laurent, Kad Merad et Julien Boisselier.
Premier chapitre
"Claire claque la porte et tourne les clés.
Il est dix heures. Elle commence à onze. Le Shopi fermé à vingt et une heures, elle fait la fermeture. Elle descend les escaliers quatre à quatre. Au kiosque, elle achète Libé. Il fait déjà chaud et elle ôte son gilet. La brasserie où elle a ses habitudes est fermée. C'est le mois d'août. Elle entre dans un petit café où trois vieux discutent football, devant leur troisième ballon de rouge. La patronne la salue à peine, la fait répéter deux fois lorsqu'elle commande son café et son croissant. Elle étale son journal sur la table, va directement à la page des annonces. Avec Loïc, ils lisaient toujours cette page, alors elle se dit qu'il pensera peut-être à lui laisser un message. Le café est très chaud. Elle se brûle un peu, repose la tasse, souffle sur une mèche. Elle a relevé ses cheveux presque roux et très lisses en une sorte de chignon flou et artistique. Elle se voit dans le miroir. Les vieux la regardent. Machinalement, elle amorce le geste de tirer sur sa jupe. Mais aujourd'hui, elle porte un pantalon. Les vieux s'échangent vaguement quelques tuyaux, cochent les cases d'un bulletin de P.M.U. Claire feuillette son journal. Très distraitement. Elle grimace un peu en finissant son café. Juste au moment où elle avale le petit dépôt de sucre resté qui est resté au fond. Elle pose quelques pièces de monnaies près de sa tasse, se lève et s'en va. Elle dit au revoir. Personne ne lui répond."
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Texte © Miss Alfie 2007 sauf citation.
Edition lue : Je vais bien, ne t'en fais pas, Olivier Adam, éditions Pocket , collection Littérature, 2006, 155 pages.