justineNon, rassurez-vous tout de suite, le "je", ce n'est pas moi, Miss Alfie. Le "Je", c'est Justine, une gamine de 17 ans qui raconte dans un livre sorti en janvier 2007 son parcours d'anorexique. Justine avait 14 ans quand, un peu trop ronde, elle a voulu perdre du poids. Mais de kilos envolés en tailles diminuées, elle n'a pas pu s'arrêter.
Anorexie, boulimie, sonde naso-gastrique, hospitalisations, Justine raconte les trois années pendant lesquelles elle a tenté de s'en sortir.

Elle raconte sa mère avec qui elle ne s'entend pas toujours très bien, son père qu'elle perçoit comme un héros jusqu'au jour où il arrête le vélo, l'arrivée de la petite soeur et la relégation dans la chambre du garage... Elle raconte avec ses mots d'adolescente les maux de son corps, les douleurs physiques, morales et psychologiques.

"C'est inconsciemment suicidaire. Or je ne veux pas mourir. D'une certaine façon, j'ai voulu protester contre quelque chose, mais ce quelque chose est multiple. Manque de tendresse maternelle, mauvaise image de moi, caractère impérieux et dominateur sous des dehors de soumission. Refus d'être écarté de la vie de mon père et refus d'y participer." (Ce matin, j'ai décidé d'arrêter de manger, p.77)

Je sais, ce n'est qu'un témoignage, ce n'est pas un livre scientifique sur l'anorexie, mais quand on bosse dans une clinique où quelques jeunes filles de son acabit sont soignées, c'est bien d'essayer de les comprendre... De les comprendre dans une société où, pour l'avoir été, être ronde c'est dur, c'est subir les quolibets des camarades de classes et même des professeurs parfois, c'est angoisser à l'idée d'acheter un nouveau pantalon et de devoir demander du 46 au lieu du 38 rêvé, c'est considérer le cours de sport comme de la torture à l'état pur car l'humiliation sera là... Aujourd'hui, le 46 est loin pour moi, je m'en suis sortie sans anorexie, juste en faisant attention... Mais moi aussi j'aurai pu...

"Je rêvais de m'installer définitivement dans une taille 38 pour 1,75m. C'était illusoire et dangereux en période de construction adolescente. Et j'en veux aux magazines qui ne montrent que des silhouettes filiformes. J'en veux à toute l'Europe de ne proposer aux adolescente que des tailles 34, 36, à la rigueur 38...
J'en veux à tous ces fous de régimes qui proposent, moyennant finances, la panoplie de l'amaigrissement sans effort. Aux articles récurrents sur la nécessité de maigrir quand vient l'été. J'en veux à cette mode qui impose le nombril à l'air, le string qui dépasse, et 45 kg toute mouillée quelle que soit la taille, sous peine de ne pas se faire remarquer."
(Ce matin, j'ai décidé d'arrêter de manger, p.168)


Tiens, à ce propos, si quelqu'un doute encore de ces quelques lignes, filez donc au bureau de presse du coin, et redites moi ce que vous avez vu en couverture...


Texte © Miss Alfie 2007
Image Ce matin, j'ai décidé d'arrêter de manger, Justine, Oh ! Éditions pour l'édition brochée (2007) et Pocket pour l'édition poche (2008).